Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/124

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tique ; tout cela par demandes et réponses, vives, claires, précises, sans la moindre introduction du doute, comme on peut croire, et, pour l’histoire sacrée, avec une adjonction de rimes qui avaient pour but, je suppose, d’en rehausser l’enseignement, tout en le gravant mieux dans la mémoire.

Le premier homme Adam, du paradis exclus ;
Puis Caïn tue Abel, dont Seth eut les vertus.

On voit que la méthode était bonne, puisque je me rappelle encore aujourd’hui ces vers, dont la beauté assurément n’a rien de remarquable. Il y a là fort à réfléchir sur la puissance de la rime, et de quoi infatuer messieurs les versificateurs, déjà trop enclins au dédain de la prose, comme chacun sait.

Je ne négligerai pas, en quittant les cours de l’abbé Gaultier, de rappeler le souvenir d’une charmante compagne que j’y avais, et dont le nom est devenu, à trente ans de là, tragiquement célèbre.

Fanny Sébastiani, fille du général de ce nom, plus tard duchesse de Praslin, suivait comme moi, et dans la même classe, l’enseignement de la rue de Grenelle. Elle y venait avec sa gouvernante, Henriette Mendelssohn, la nièce du philosophe. Celle-ci, dans sa petite taille contrefaite, avec ses yeux étincelants, m’inspirait à la fois beaucoup de curiosité et beaucoup de respect. C’était, je l’ai appris plus tard, une de ces femmes de forte race juive et de grande culture alle-