Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/180

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mes sens, du calme mensonger de mes pensées[1].

— Mais revenons à l’hôtel Biron.

On a vu que, en y entrant, je n’y apportais guère d’instruction religieuse, moins encore de pratiques dévotes. J’avais fait ma première communion, de la manière que j’ai dite, et j’avais coutume de faire mes Pâques : mais, soit négligence de ma grand’mère, soit tout autre motif, je n’avais pas reçu le sacrement de Confirmation[2]. En me recevant dans leur pensionnat, les dames du Sacré-Cœur se chargèrent de m’y préparer, et l’on me remit tout aussitôt à la direction du confesseur des élèves, le père Varin. Le père Varin ne ressemblait aucunement à l’abbé Rougeot. C’était un jésuite de la plus fine trempe, aussi insinuant, pénétrant, compliqué, que le bon séculier était simple et ingénu. Après avoir sondé, avec des précautions infinies, l’état de mon âme et de mes croyances, après

  1. J’ai observé à ce sujet le phénomène curieux du rêve : les personnes et les choses que je parvenais, par un effort énergique de ma volonté, à écarter entièrement de ma pensée pendant le jour, s’en emparaient avec d’autant plus de violence pendant la nuit ; mes actions étaient depuis longtemps conformes à la réflexion, que mes rêves appartenaient encore au seul instinct.
  2. « Au train dont vont les choses, écrit madame Roland dans ses Mémoires en racontant sa préparation au sacrement de Confirmation, ceux qui liront ce passage demanderont peut-être ce que c’était que cela. »

    Le train des choses n’a pas été aussi précipité que madame Roland le supposait. Il n’est pas encore nécessaire à l’heure où j’écris d’apprendre au lecteur ce que c’est que la Confirmation.