Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/221

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était alors, sans que je le susse, le point de mire des congrégations, le desideratum des sectaires et des missionnaires de toutes sortes.

L’un d’eux, qui a laissé quelques traces dans les annales catholiques de la Restauration, M. Coëssin, entreprit l’œuvre sainte et profitable, d’une manière qui vaut d’être rappelée ici.

Sauf à quelques jours de particulière dévotion qui me ramenaient au Sacré-Cœur, j’étais très-assidue aux offices de la paroisse — la Madeleine. — Nous avions, ma mère et moi, nos deux places réservées, à l’entrée de la chapelle de la Vierge. On me remarquait là comme ailleurs. Je ne tardai pas, de mon côté, à remarquer les allures singulières d’un groupe, voisin de nous, également assidu, et qui, sans que nous le connussions, paraissait nous connaître. Ce groupe se composait d’un homme déjà mûr et de quatre jeunes gens, dont l’un portait la soutane. Leur attitude était modeste, presque humble, et pourtant de personnes qui ne voudraient pas être confondues. À la grand’messe, le moment de la communion venu, tous ensemble ils se levaient ; les mains jointes, les yeux baissés, d’un air de componction, ils allaient à la sainte table ; généralement ils y étaient seuls, les communiants choisissant de préférence les heures plus matinales et les messes basses. Au retour de la sainte table, ils demeuraient tous cinq longtemps agenouillés, la tête incli-