Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/26

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deux ans, chevalier de Saint-Louis, colonel de dragons, adressait au duc de Choiseul des Réflexions sur la désertion et sur la peine des déserteurs[1] où il conclut à la suppression de la peine de mort, et demande des lois plus conséquentes aux sentiments ineffables du cœur et du génie français. Ayant vécu, dit-il, avec le soldat autant que le service du roi l’exigeait, autant que sa fortune, sa naissance et sa façon de penser, indépendante de son métier, le permettaient, il a observé que le Français a pour partage la fierté et l’inconstance, avec l’excellente vanité de croire sa patrie supérieure à toutes les nations de la terre. Il le déclare « généralement plus sensible à la perte de l’honneur qu’à celle de la vie ; il ne croit pas la peine de mort, appliquée aux déserteurs, efficace ; et, à ce sujet, il entre dans des considérations de l’ordre le plus élevé sur ce qu’il appelle hardiment le meurtre public. Il affirme que : en France, dans un règne tranquille, sous une forme de gouvernement consolidée par les vœux réunis de la nation, il ne doit y avoir jamais de nécessité d’ôter la vie à un citoyen.

D’un bout à l’autre, le Mémoire de mon grand-père, adressé à un ministre tout-puissant, respire l’antique

  1. Réflexions sur la désertion et sur la peine des déserteurs en France, adressées à monseigneur le duc de Choiseul, ministre et secrétaire d’État au département de la guerre, Paris, 1708, in-8o. L’auteur était, à ce niument, volontaire dans un régimeut de troupes légères.