Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/287

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Les histoires de ces accidents ornaient la mémoire des gens de cour ; on ne manquait pas de les raconter à la future présentée, ce qui achevait, comme on peut croire, de porter le trouble dans son âme et dans son maintien.

La journée qui précédait la présentation — elle se faisait le soir — appartenait aux faiseuses et aux habilleuses, au conseil en permanence des marraines expérimentées. Mes deux marraines étaient la vicomtesse d’Agoult, tante de mon mari, dame d’atours de madame la Dauphine et la duchesse de Montmorency-Matignon. Mon habit de cour était entièrement blanc. Il se composait d’une robe en tulle lamé, tout enguirlandée de fleurs en haut relief d’argent, et d’un manteau en velours épinglé, d’un ton plus mat, également brodé d’argent : le tout, couleur de la lune, comme la robe de Peau d’âne, à ce que je prétendais. Ma coiffure, haute et roide, selon la mode du temps et le goût de la Dauphine, était formée de plusieurs bouches ou coques de cheveux énormes, très-avancées sur le devant de la tête, et d’où retombaient en arrière de riches barbes en blondes. Ces coques étaient surmontées d’un panache de plumes d’autruche. Sur le front, que cachaient en partie deux touffes symétriques de cheveux frisés, reposaient lourdement, en manière de diadème, des fleurs et des épis en diamants. Je portais à mon cou un collier d’émeraudes