Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’où pendaient d’immenses poires entourées de brillants, dont on disait qu’elles surpassaient en grosseur et en éclat la parure, très-vantée à la cour, de madame la duchesse d’Orléans. Un éventail taillé à jour dans la nacre et l’or, un mouchoir garni de vieilles dentelles très-précieuses que le vicomte d’Agoult avait détachées pour moi de son grand costume de l’ordre du Saint-Esprit, une couche de fard sur les joues complétaient mon ajustement et le faisaient tel qu’il devait être pour satisfaire à l’étiquette de la cour du roi Charles X.

Par une spéciale faveur, pour les amis dévoués de son long exil — le vicomte et la vicomtesse d’Agoult n’avaient jamais quitté madame Royale — la Dauphine avait exprimé le gracieux désir de voir, dans son particulier et avant qu’elle parût devant le roi, la nouvelle présentée. En conséquence, nous nous rendîmes dans les petits appartements de la fille de Louis XVI quelques minutes avant l’heure indiquée pour la réception royale. À peine étions-nous dans le salon affecté à la dame d’atours, que la porte s’ouvre. Venant droit à moi, la Dauphine me regarde des pieds à la tête, puis, son examen fait, se tournant brusquement vers la vicomtesse d’Agoult : « Elle n’a pas assez de rouge, » dit-elle d’un ton tranchant : et, sans un mot de plus, elle regagne la porte comme elle était venue, avec une rapidité foudroyante. « Comment