Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/303

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tion, fermée longtemps au soldat de Jemmapes et de Valmy, ne s’était rapprochée de lui que pour la forme. On n’aimait pas son attitude à la chambre des pairs, moins encore ses liaisons avec Talleyrand et Fouché ; on mettait à son compte la conspiration de Didier ; on lui faisait un crime d’ouvrir ses salons aux buonapartistes et aux libéraux. Lorsque parut, en 1827, la Lettre au duc d’Orléans[1] les soupçons qui se murmuraient éclatèrent. On parla tout haut d’un complot organisé pour substituer aux Bourbons de la branche aînée les Bourbons de la branche cadette. Les choses en étaient à ce point que, dans cette même année 1827, entrée, comme js l’ai dit, par mon mariage, dans l’entourage le plus proche de la Dauphine, je n’osai point, sans l’agrément de la vicomtesse d’Agoult, accepter une invitation qui m’était adressée pour un prochain concert au Palais-Royal. Et cette personne, si réservée d’ordinaire, était si agitée de soupçons à l’endroit des d’Orléans, qu’elle se trahit, « Je n’aime pas ces gens-là, » s’écria-t-elle avec un accent singulier ; puis, se reprenant aussitôt et se calmant, elle prononça qu’il n’y avait pas à balancer ; qu’on ne refusait pas de se rendre, quand on était prié, chez les cousins du roi ; que cette invitation, qui

  1. Le duc d’Orléans désavoua cette lettre ; l’auteur, M. Cauchois-Lemaire, fut poursuivi devant les tribunaux et condamné à deux mille francs d’amende.