Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/306

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glorieux, d’une naissance romanesque, qui attirait à la fois la curiosité et la sympathie : c’était le fils de la belle comtesse Walewska, le jeune comte Walewski. De même âge, à quelques mois près, que le duc de Chartres — ils étaient nés tous deux dans l’année 1810 — il était un peu moins grand, mais, comme lui, mince et svelte. Il dansait à merveille. Il valsait comme un étranger, comme un Slave, avec une grâce innée, une verve que n’acquièrent jamais nos Parisiens. Cette qualité d’étranger le servait, sa naissance encore plus, ses beaux yeux bruns, son sourire rêveur et jusqu’à son léger accent quand il « disait d’amour » . Pendant plusieurs hivers, il partagea avec le duc de Chartres — plus tard duc d’Orléans — les bonnes grâces des femmes et l’empressement des salons. La mode hésitait entre ces deux jeunes rivaux, entre ces deux charmants cavaliers, à peine hors de page. La mort n’hésita pas. À quinze ans de là, elle fit son choix, sûr et rapide. En emportant le duc d’Orléans, elle emportait tout un règne.