Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/320

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où le directeur des beaux-arts, Sosthène de Larochefoucauld donnait le ton. Quelques personnes, la marquise de Sassenay, le chevalier de Pinieux, gentilhomme de la chambre, etc., faisaient plus particulièrement état de dilettantisme musical. L’opéra italien et l’opéra français étaient alors dans leur plus grande splendeur et dans toute leur vogue. Rossini occupait les deux scènes. Bellini et Donizetti venaient après, dans un rang moindre, mais encore très-élevé.

En faveur à la cour, magnifiquement pensionné pour avoir écrit une cantate en l’honneur des noces du duc de Berry, et, à l’occasion du sacre de Charles X, le Voyage à Reims, le Cygne de Pesaro, c’est ainsi que les gazettes appelaient Rossini, avait pour exécuter ses œuvres anciennes et nouvelles, la Semiramide, la Donna del Lago, Matilda di Shabran, la Cenerentola, la Gazza Ladra, Otello, le Siége de Corinthe, Guillaume Tell, etc., une merveilleuse compagnie d’artistes : la Pasta, la Pisaroni, la Malibran, mademoiselle Sontag, Rubini, Tamburini, Pellegrini, Lablache, Nourrit, etc. Jamais, je le crois, on ne rencontrera un concours plus extraordinaire de talents du premier ordre ; une alliance de la beauté, de la puissance vocale et dramatique, telle qu’on la voyait dans la Pasta jouant le rôle de Tancrède[1] ; une union du génie, de la grâce et du pa-

  1. On racontait que Talma, admirateur enthousiaste du talent