blic — les collèges électoraux étaient convoqués pour le 23 — et de se faire envoyer de bons députés.
Je m’étonnais bien un peu, à part moi, de voir un homme d’État traiter si légèrement ces matières politiques, qui me semblaient, sans y entendre, devoir être fort sérieuses ; mais je trouvais cela aimable ; et d’ailleurs je me sentais toute gagnée à la manière paternelle dont l’homme d’État jouait à l’arche de Noé avec mon enfant.
Le prince Jules de Polignac était beau. Fils de cette ravissante duchesse de Polignac qui avait partagé l’impopularité de Marie-Antoinette, il avait, comme sa mère, la taille haute, mince et souple, le visage long, les traits nobles. Il ressemblait au roi, de qui, dans le peuple, on le disait fils.
Plus Anglais que Charles X dans ses manières, il avait, comme lui, le sourire affable et un peu banal, l’entretien facile et insignifiant, la physionomie très-douce.
Dans l’isolement de la prison où il était resté dix années, depuis le complot de George jusqu’à la chute de l’empire, son imagination, peu nourrie d’histoire ou de science, avait pris un tour mystique. Il s’était exalté dans la dévotion. Son grand cœur et son intelligence étroite s’étaient ensemble illuminés d’une fui visionnaire. Il ne doutait pas de l’intervention directe de Dieu dans les affaires humaines. Le surnaturel ne l’é-