Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/350

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Dans la soirée qui suit ces scènes incroyables, les royalistes se forgent des chimères plus incroyables encore. Selon les uns, Marmont a trahi, mais Bourmont est en route ; il arrive. Avec lui, le Dauphin marche sur Paris. Déjà l’on conseille à ma mère de faire ses approvisionnements en cas de siège ; selon d’autres, plus raisonnables, M. de Polignac se retire ; M. de Mortemart est nommé président du conseil et va tout arranger.

Le lendemain au matin — vendredi 30 — on lit sur toutes les murailles des placards invitant le peuple français à donner la couronne au duc d’Orléans. Les nouvelles se précisent et se précipitent. Coup sur coup, on apprend que le Dauphin remplace le duc de Raguse dans le commandement des troupes ; que le roi a quitté Saint-Cloud, Trianon ; qu’il part pour Rambouillet ; qu’il y est rejoint par la Dauphine ; qu’il retire les ordonnances ; qu’il nomme le duc d’Orléans lieutenant-général du royaume ; qu’il abdique ; que le Dauphin abdique, etc.

Cependant les jours s’écoulent. La session a été ouverte par le duc d’Orléans — 3 août. — On s’inquiète, dans Paris, de savoir le roi si proche, à la trie de troupes nombreuses et fidèles. On se porte tumultuairement, en armes, sur Rambouillet ; quand la multitude y arrive, le drapeau tricolore flotte sur le château. Les princes l’ont quitté. On se félicite ; on a hâte de rap-