En 1813, mon père obtint l’autorisation d’accepter, du magistrat de Francfort, le titre et les privilèges de citoyen de la ville libre[1]. Du chef de sa mère, et par sa naissance, il était citoyen de Genève ; ce furent là tous ses honneurs.
Malgré ses droits acquis à la faveur des Bourbons remontés sur le trône, mon père, le plus royaliste, mais le moins courtisan de tous les hommes, ne demanda pas d’eux, non plus, la récompense de son dévouement. Sa croix de Saint-Louis, gagnée à l’armée de Condé[2] , lui suffisait comme témoignage du devoir rempli. Après la Restauration, on ne le vit ni lui ni sa femme à la Cour. Il demeura chez lui, simplement, fièrement, assez dédaigneux des princes, toujours prêt néanmoins à reprendre pour eux l’épée au premier péril.
C’est là tout ce qui m’est connu, ou peu s’en faut, de l’existence de mon père, avant le temps où je puis me rappeler sa personne.
Ce temps remonte, autant que je puis croire, à l’année 1812. Mon père avait alors quarante-deux ans. Ses cheveux, depuis de longues années, étaient tout