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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/36

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« Maintenant, dit-elle à sa mère et à son frère aîné, avec une hardiesse qu’on n’avait pas soupçonnée jusque-là sous ses dehors timides, voudra-t-on encore m’empêcher de l’épouser ? » Le mariage, en effet, se célébra sans plus d’opposition, le 29 septembre de l’année 1797. — Mon père demeura avec sa jeune femme en Allemagne ; il fit de longs séjours à Francfort, à Dresde, cà Vienne, à Munich, jusqu’au moment où les événements politiques lui rendirent possible le retour dans la patrie.

Bien que la plupart des émigrés fussent rentrés successivement, après le 9 Thermidor, sous le Directoire, et les derniers à la paix d’Amiens, mes parents ne s’établirent définitivement en France que dans l’année 1809. Ils achetèrent une terre en Touraine, où mon père exerça envers ses anciens compagnons d’armes, royalistes émigrés ou chefs vendéens, une large hospitalité qui, avec les plaisirs de la chasse et les bonnes relations de voisinage, donnèrent à sa vie le mouvement que ses opinions et ses traditions lui interdisaient de chercher ailleurs.

En dépit des ouvertures répétées du gouvernement de l’empereur, mon père se refusa toujours à le servir et ne permit pas que ma mère fût attachée à la maison de la reine Hortense, où on voulait l’attirer[1].

  1. Mademoiselle Cochelet, depuis madame Parquin, lectrice de la reine Hortense, était intimement liée avec mon oncle Bethmann.