Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/378

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pue par de douces paroles sur le charrue de ma voix, sur ses inflexions qui lui rappelaient mademoiselle Mars, etc.

À quelques questions que je lui fis sur les relations de madame de Staël avec M. de Narbonne, avec Benjamin Constant, etc. : « Oh ! me dit-elle, il ne faudrait pas parler de ces choses-là dans un éloge. Il ne faudrait pas toucher à ce côté romanesque de sa vie[1]. Madame Necker de Saussure en a dit tout ce qu’il en faut dire. » Un peu surprise de cette épithète de romanesque appliquée à la vie de madame de Staël, je me rabattis sur les détails de famille. Madame de Broglie aimait et respectait passionnément sa mère, me dit madame Récamier. Elle craignait toujours de ne pas lui plaire assez. Le mariage avec M. de Rocca, déclaré à M. de Broglie dans la dernière maladie, aurait pu l’être beaucoup plus tôt. Il n’eût pas soulevé une objection, etc. Madame Récamier me parla ensuite de personnes et de choses diverses. Elle s’informa de ma fille, obligée d’être une personne distinguée, me dit-elle courtoisement ; de mes travaux. Le nom de Lamartine arriva. Elle m’assura qu’elle l’aimait beaucoup ; qu’elle le défendait constamment

  1. M. Brifaut me dit plus tard que des lettres de madame de Staël à madame Récamier, très-intimes, très-confidentielles, avaient été déposées entre les mains de madame X. La famille, paraît-il, s’en inquiéta, les réclama. M. Brifaut les croyait détruites ; il le regrettait infiniment.