Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/44

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en moi le tableau de mon enfance. Les changements des saisons y mettaient la diversité, mes plaisirs se rapportant presque tous à la vie des champs et des jardins. Je n’ai jamais eu le goût des poupées ; tout enfant, il me fallait déjà la vie et la vérité.

L’habitation de mes parents, située près du bourg de Monnaie, entre Tours et Châteaurenaud, n’offrait rien de remarquable. Elle pouvait même paraître mesquine au regard de la fortune de ma mère, qui lui eût permis d’acquérir quelqu’un des châteaux célèbres de la Touraine, le château d’Azay-le-Rideau, par exemple, alors en vente, et qu’elle était allée visiter. Mais ma mère, n’ayant reçu, en fait d’art, que la culture musicale, fut peu ou point touchée de la belle architecture de ces résidences historiques ; quant à mon père, chasseur passionné, il fut déterminé a l’acquisition du Mortier par l’aspect d’un pays très-giboyeux : petites collines, petits cours d’eau, petits bouquets de bois, petits clos de vignes, landes, bruyères, halliers, remises de toutes sortes, favorables à la perdrix, au lièvre ; et, par delà, une ceinture de forêts, où fréquentaient le daim, le chevreuil et le sanglier.

En ce qui me concerne, on pense bien que je ne faisais au sujet de notre habitation ni comparaisons, ni observations critiques. Si j’ai souffert de très-bonne heure, comme je serais portée à le croire,