Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/45

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d’une certaine discordance entre moi et mes alentours, et de l’insignifiance des lieux où je commençais de vivre, je n’ai pu le supposer qu’après les avoir quittés, après avoir éprouvé ailleurs l’incroyable influence, sur mon être le plus intime, d’un site naturellement héroïque, ou consacré par l’histoire. Au moment dont je parle et à mes yeux prévenus, la maison du Mortier, la colline où elle s’adosse, sa vallée étroite, son enclos, ses terrasses au soleil, son canal d’eaux vives, sa cascade ombragée de marronniers séculaires, son potager, son verger, ses basses-cours, c’était pour moi tout un monde que ne franchissaient jamais ni mes souhaits ni mes rêves.