Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/70

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goût raffiné des vieux diplomates du Bundestag. À tout cet éclat d’opulence, la jeune femme de mon oncle, la Hollandaise Louise Boode, qu’il avait épousée par amour, un peu contre le gré de ma grand’mère, était venue ajouter l’éclat naturel d’une merveilleuse beauté. Les lettres, les arts, les sciences étaient conviés aussi à rehausser les splendeurs de la maison. L’oncle apportait dans son négoce les façons d’un Médicis. Dans les jardins anglais, plantés par la ville sur les anciens glacis des fortifications abattues, il avait fait construire, en l’honneur de l’Ariane, sculptée pour lui par Dannecker[1], un petit temple ou musée où il avait réuni, pour l’enseignement des jeunes artistes, une collection de moulages d’après l’antique[2]. On faisait

  1. Dans l’année 1809. J. H. Dannecker, né en Wurtemberg le 15 octobre 1758, élève de Pajou et de Canova, professeur à la Karls-Académie, mort en 1814, après avoir exécuté un grand nombre de statues et de bustes qui lui valurent en son temps une célébrité presque égale à celle de Thorwaldsen. Il avait été l’ami de Schiller, de Herder, de Goethe. Dans une lettre à Meyer, 1797, l’auteur de Faust lui rend ce témoignage : « Professor Dannecker ist als Künstler und Mensch eine herrliche Natur und würde, in einem reichern Kunstelement, noch mehr leisten als hier (Stuttgart) wo er viel aus sich selbst nehmen muss. » (Lettre à Meyer, 1797.)
  2. Goethe, à qui rien n’échappait de ce qui pouvait servir les arts et honorer ses concitoyens, parle ainsi de l’activité bienfaisante et éclairée de Moritz von Bethmann : « So steht scion jetzt eine Sammlung von Gypsabgüssen antiker Statuen in dem Garten des herrn von Bethmann. Und was lässt sich nicht von einem Manne erwarten dessen Neigung und Thätigkeit durch ein