Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/71

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chez lui des lectures d’ouvrages nouveaux qui méritaient l’attention. On donnait des concerts, où la reine du chant, Catalani, se plaisait à lutter, de son gosier d’oiseau, avec les archets les plus fameux, dans les variations de Rode. On représentait des tableaux où la beauté de ma tante défiait le génie des maîtres anciens. Jamais artiste ou écrivain, allemand ou étranger, jamais talent, quel qu’il fût, ne traversait Francfort sans recevoir au Baslerhof une large hospitalité. Madame d’Arnim raconte dans ses Lettres d’un enfant une lecture de Delphine, dans les salons de Moritz, à laquelle elle assiste en enfant gâté qu’elle est, faisant avec son mouchoir de poche des marionnettes qui distraient le grave auditoire ; attendu, écrit-elle à Goethe, que le fameux roman de la Staël est la chose la plus absurde qu’elle ait jamais ouïe. Du même ton et d’une pointe de jalousie, l’Enfant raconte ailleurs l’entrevue, au Baslerhof, de Frau Rath, la mère de Goethe, avec l’illustre fille de Necker. Bettina appelle ironiquement cette rencontre une grande catastrophe. S’adressant à l’auteur de Faust, elle lui décrit, d’un crayon espiègle, l’abordage des deux puissances féminines. Je ne résiste pas au désir de reproduire ici ce passage de la Correspondance avec Goethe, tant je le trouve caractéristique,

    so grosses Vermögen in lebhafter Bewegung erhalten ist. »

    Aus einer Reise am Rhein, Main und Neckar, in den Jahren 1814-1815.