Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/106

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SUR LA GAIETÉ RELIGIEUSE.


C’est le véritable esprit religieux qui, dans le cours de ma vie, m’a donné cette bonne gaieté, dont mes sévères confrères ont été tant scandalisés : pourquoi donc un prêtre seroit-il toujours grave ? le ministère est-il un lugubre devoir ?

Ressemblez à ces enfans, dit le Christ, c’est-à-dire, soyez aussi gais et aussi innocens qu’eux. Les trente-neuf articles sont incomplets, si l’on n’y ajoute pas le quarantième précepte qui ordonne la gaieté. En tout cas, n’ajoutez rien, laissez subsister le même nombre, pourvu qu’à la place du treizième précepte, que vous rayerez, vous mettiez cette maxime céleste.

L’archevêque de Cassel en fut-il moins un profond théologien, parce qu’il ajouta un couplet fort gai à l’ancienne ballade irlandoise ? Le poëme de l’évêque de Rochester, dans lequel il prouva légèrement que le cœur des hommes relevoit de l’éventail d’une femme, troubla-t-il jamais son orthodoxie ?

L’évêque Héliodore fut privé de son bénéfice, pour avoir composé Théagènes et Chariclée. Le Pape fut doublement absurde ; et sa sainteté outrepassa les bornes de son