Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE V.

Les Planètes.


Le temps approchoit. Il y a dans le ciel je ne sais quelles divinités qui prennent le soin de présider à la naissance des hommes. On ne dit pas qu’elles aient la même attention pour les femmes. — Il faut cependant croire qu’elles ne sont pas oubliées. — À tout prendre, elles valent la peine qu’on s’intéresse à elles. — Au reste, je n’ai jamais trop bien su si ces bonnes déesses songèrent à moi quand il en fut temps, si elles ne vinrent pas ; on ne m’a jamais dit qu’on les eût vues, ni qu’on ne les eût pas vues. — Cela ne m’empêcha pas, moi, Tristram Shandy, d’arriver dans ce malheureux monde le cinquième jour de novembre de l’an de grâce mil sept cent dix-huit. — L’heure ? — Tout cela se saura. La seule chose que j’aie à faire remarquer ici, c’est qu’en se rappelant l’ère que j’ai fixée dans le chapitre précédent, la sciatique de mon père, son habitude constante de ne faire certaines choses que le premier du mois, etc. etc., il est clair que le moment de ma naissance marquoit, si je ne me trompe,