Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/178

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Rien ne l’affligeoit tant depuis Stilton jusqu’à Grantham, que les complimens de condoléance qu’il recevoit de ses amis, et que la triste figure qu’il feroit à l’église le premier dimanche. — La véhémence de son esprit, un peu aiguisé par le chagrin, lui faisoit faire les descriptions les plus satiriques de tout ce qui s’y passeroit, lorsque placé dans le banc avec sa chère côte, il attireroit les yeux de toute l’assemblée. — De quels ridicules ne seroit-il pas couvert ? — De combien de quolibets, de mauvaises plaisanteries ne seroit-il pas le sujet ? — Ma mère a avoué que tout ce qu’il dit pendant ces deux postes, étoit si plaisamment tragi-comique, qu’elle ne fit que rire et pleurer à la fois pendant cette route.

Mais les choses, quand ils eurent passé la rivière de Drente, prirent une autre face. — Mon père se fâcha tout de bon de la vile et indigne ruse de ma mère. C’étoit une fourberie ! — La femme ne pouvoit pas se tromper si lourdement ; et si cela est..... quelle foiblesse ! mot cruel et tourmentant ! — Il ne l’eut pas si-tôt prononcé, que son imagination se remplit de mille idées. — Son esprit en fut si frappé, qu’il voulut se mettre à compter combien il y avoit de foiblesses.