Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/190

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pas encore bien votre caractère ; mais je crois pourtant le connoître assez, pour être moralement sûr de ne courir aucun risque à vous proposer un cas. — Je ne veux point vous faire prendre part à la chose. — Je vous en fais seulement le juge, et je m’en rapporte à votre bon sens, et à la bonne foi de votre examen sur ce point. — Libre de tous ces petits préjugés d’éducation qu’ont les hommes ordinaires, vous planez avec les ailes de la raison. — Vous avez en même temps trop de générosité dans l’esprit pour rejeter une opinion, précisément parce qu’elle n’a pas d’amis qui la soutiennent. — Eh bien ! votre fils, votre fils chéri ! Cet enfant dont l’humeur si douce, si gaie, vous fait tant concevoir d’heureuses espérances, votre George, enfin ; — je vous le demande, monsieur, auriez-vous voulu lui donner le nom de Judas ? Si un Juif de parrain se fût présenté avec sa bourse pour vous exciter à souffrir qu’on lui imposât ce nom exécrable, ne l’auriez-vous pas foulé aux pieds ?

» Votre grandeur d’ame dans une telle action, votre mépris généreux de sa bourse, vous auroient attiré les plus grands applaudissemens. — Mais ce qui relève bien plus