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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/192

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— Ce qui est peut-être encore plus surprenant, il n’avoit pas pris la moindre étincelle de subtilité dans les écrits de Crackenthorp ou de Burgersdicius, ni dans aucun autre logicien, glossateur ou commentateur hollandois. Il ne savoit pas le moins du monde en quoi consistoit la différence entre un argument ad ignorantiam, et un argument ad hominem ; et je me souviens très bien, malgré cela, que quand il me mena à l’université, la troupe entière des savantasses fut étonnée de ce qu’un homme qui ne savoit pas même le nom de ses outils, en fît usage avec autant d’art.

Il s’en servoit certainement le mieux qu’il pouvoit, et il y étoit souvent forcé. — Il avoit tant de notions comi-sceptiques à défendre, qu’il se trouvoit fréquemment aux prises. Je ne sais d’où elles lui étoient venues ; mais je crois qu’elles n’étoient entrées dans son esprit que sur le pied de caprices, de fantaisies, et de vive bagatelle. — Il s’en amusoit un peu de temps ; il y aiguisoit son esprit, et puis les renvoyoit à un autre jour.

Je n’avance cependant pas ceci uniquement par forme d’hypothèse, ou de conjecture sur les progrès et la consistance de beaucoup d’opinions fort extraordinaires qu’avoit