Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/193

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mon père. — Non. Ce n’est qu’un simple avis que je donne au lecteur sur l’accès indiscret qu’on accorde à de tels hôtes. — Laissez-les paisiblement entrer. — Ils s’impatronisent peu-à-peu dans nos esprits, et font si bien, qu’ils s’en font un asile, dont on ne peut plus les éloigner. — Ils y fermentent quelquefois jusqu’à l’aigreur : — mais le plus souvent comme la douce passion, — elle badine d’abord, et finit par le plus grand sérieux.

Étoit-ce là le cas de la singularité des idées de mon père ? Son jugement étoit-il à la fin devenu la dupe de son esprit ? Jusqu’à quel degré avoit-il raison dans quelques-unes de ses notions, malgré leur bizarrerie ? Je ne veux rien décider sur cela ; c’est un point que je laisse à juger au lecteur, à mesure que l’occasion s’en présentera. — Je dirai seulement que, sans savoir comment cette idée s’étoit inculquée si fortement dans son esprit, il ne parloit que du ton le plus sérieux de l’influence des noms de baptême. — La plus exacte uniformité le caractérisoit à cet égard ; et dans son opinion systématique sur ce point, en imitateur des raisonneurs à systême, il appeloit à son secours le ciel et la terre. — Il entrelaçoit, tordoit, courboit, et faisoit plier toute la nature pour soutenir son sen-