Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/245

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je n’en puis pas lire les terribles relations sans répandre des larmes.

Critique modéré, pesez tout ceci ! Considérez par vous-même combien de fois vos discours, vos écrits, vos connoissances ont souffert par cette seule cause ! — Rappelez-vous de quels débats, de quel bruit les écoles ont retenti au sujet du pouvoir et de l’esprit, des essences et des quintessences, des substances et de l’espace ! Ne voulez-vous point vous ressouvenir de ces misères humaines ? Hélas ! on vous a peut-être quelquefois traîné au barreau. Quelle abondance de paroles sur des mots qui n’ont point de signification déterminée, et que personne n’entend ! Vous en avez frémi ! Ne soyez donc point surpris des embarras de mon oncle Tobie, et laissez couler une larme de compassion sur son escarpe et sur sa contr’escarpe, sur son glacis et sur son chemin couvert, sur son ravelin et sur sa demi-lune. Ce ne fut point par idée qu’il courut risque de la vie en envenimant sa blessure ; ce fut par des mots.