Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/246

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CHAPITRE XXX.

Trop est trop.


Mon oncle Tobie n’eut pas si-tôt son plan des fortifications de Namur, qu’il se mit à l’étudier avec le plus grand empressement. Il n’y avoit rien de plus intéressant pour lui que sa guérison ; elle dépendoit du calme des passions de son esprit, et il étoit absolument nécessaire qu’il se rendît tellement maître de son sujet, que lorsque l’occasion s’en présenteroit, il en pût parler sans émotion.

Il y donna quinze jours dans l’application la plus constante. Au bout de ce temps, à l’aide de quelques explications qui étoient sur la marge, et de l’architecture militaire de Gobésius, traduite du flamand, il parvint à donner à ses discours une clarté dont on pouvoit être satisfait ; ce n’étoit cependant là que le premier degré. Deux mois de plus n’étoient pas écoulés, que mon oncle Tobie planoit, pour ainsi, sur son sujet. Il auroit pu faire, au besoin, et dans le plus grand ordre, l’attaque de la contr’escarpe avancée. Plus initié dans l’art que le premier motif qu’il avoit eu ne l’exigeoit, il pouvoit à son