Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/253

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Nous perdons quelquefois le droit de nous plaindre, en différant de le faire. — Mais alors nous triplons de force… Le chirurgien en fut étourdi, et son étonnement augmenta, lorsqu’il vit que mon oncle ne finissoit pas ses reproches et ses lamentations ; qu’il vouloit être guéri sur-le-champ, et que, s’il ne l’étoit pas, il enverroit chercher le chirurgien du roi pour achever sa besogne.

Le désir de la vie et de la santé est si naturel à l’homme ! l’envie de respirer librement le grand air est une passion qui le quitte si peu ! Mon oncle Tobie en étoit aussi dominé que tous ceux de son espèce. Il n’étoit donc pas surprenant qu’il désirât sa guérison, ni qu’il souhaitât prendre l’air après une si longue captivité. — Mais, je vous l’ai déjà dit, rien ne se faisoit, rien ne s’opéroit dans ma famille comme dans les autres. Le temps où les désirs de mon oncle se manifestèrent, la manière dont il les fit éclater, avoit sûrement quelque raison particulière. Eh ! oui, sans doute ; mais cela se développera dans le chapitre suivant. J’avoue qu’il sera temps alors de revenir écouter, au coin du feu, la fin de la phrase de mon oncle Tobie. —