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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/254

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CHAPITRE XXXII.

Trim.


Lorsqu’une passion tyrannise un homme, ou, ce qui est la même chose, lorsqu’il se laisse emporter par son dada chéri, la raison, la prudence n’ont plus d’empire sur lui ; elles l’abandonnent.

La blessure de mon oncle Tobie se guérissoit. Dès que le chirurgien fut revenu de sa surprise, et qu’il lui eut laissé la liberté de parler, il lui dit qu’elle commençoit à prendre du vif, et que si par hasard il ne survenoit point d’autres exfoliations, il espéroit qu’elle seroit cicatrisée dans cinq ou six semaines… Le son d’autant d’olympiades, six heures auparavant, eût porté dans l’esprit de mon oncle Tobie l’idée d’un temps plus court. Mais la succession de ses pensées étoit devenue si rapide, il étoit si impatient d’exécuter le dessein qu’il avoit formé… Ma foi ! il n’y eut plus moyen ; et sans consulter davantage qui que ce fût au monde, ce qui, par parenthèse, est fort bien fait, quand on est déterminé à ne prendre l’avis de personne, mon oncle Tobie, sans hésiter, ordonna à