Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/264

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ce plan à exécution, et pour en jouir en particulier. — Oui, cette circonstance flattoit mon oncle, et le local sembloit disposé de manière à seconder ses souhaits. La haie d’ifs étoit si haute qu’elle déroboit le tapis verd à la vue de ceux qui pouvoient être dans la maison ; et il étoit entouré, des autres côtés, par des halliers de houx, d’aubépine, et d’autres arbrisseaux fleuris, si épais, qu’ils étoient impénétrables aux yeux des curieux. L’idée de n’être pas vu augmentoit le plaisir que goûtoit d’avance mon oncle Tobie. Mais vaine imagination ! Vos ifs, cher oncle, sont bien élevés, vos houx sont bien piquans, vos épines sont bien touffues ; le lieu que vous choisissez est bien retiré ; et vous croyez avec tout cela, que vous jouirez tout seul d’un terrain qui contient un demi-arpent ! Vous croyez qu’il restera ignoré ? Ah ! ne vous y trompez pas.

Mon oncle Tobie et le caporal Trim ménagèrent et conduisirent toute cette affaire de la manière qu’ils l’avoient concertée. — Ce que j’en dirai, ce que je dirai aussi de l’histoire de leurs campagnes, qui ne furent pas stériles en événemens, deviendra quelque jour un endroit intéressant de ce drame… Mais il est temps de changer de scène et de retourner au coin du feu.