Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/282

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CHAPITRE XXXVIII.

Il ne peut rien faire.


Écrire ne diffère de la conversation que par le nom, surtout quand on ménage cet art comme je le fais. Un homme de bon sens ne dit jamais ce qu’il pense en causant, et un auteur, qui connoît les limites de la décence et de la politesse, sait aussi où il doit s’arrêter. Il doit respecter la pénétration et le jugement du lecteur, et lui laisser toujours le plaisir d’imaginer et de deviner quelque chose. Je déteste un livre qui me dit tout, et l’on voit bien que j’écris le mien d’après ma manière de penser. J’ai toujours soin de laisser à l’imagination de ceux qui me lisent, un aliment propre à la soutenir dans une activité qui égale la mienne.

C’est à présent leur tour. — La chute du docteur Slop, les circonstances qui la précèdent et la suivent, sa triste apparition dans la salle ; en voilà assez pour aiguillonner l’imagination du lecteur. —

Il peut, par exemple, s’imaginer que le docteur Slop a conté son histoire, qu’il l’a contée avec toute l’emphase, toute l’exagération que son esprit lui a suggérées. — Il