Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/283

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peut aussi supposer qu’Obadiah n’a pas oublié la sienne, et qu’il en a fait le récit avec un chagrin affecté, quoiqu’il eût la plus grande envie de rire. — Il peut mettre ces deux figures en pendant l’une vis-à-vis de l’autre. — D’un autre côté, il peut s’imaginer que mon père est allé voir ma mère. Enfin, pour conclure ce travail de l’imagination, il peut se figurer qu’il voit le docteur Slop lavé, frotté, vergeté, plaint, et chaussé d’une paire d’escarpins d’Obadiah, et marchant déjà vers la porte, tout prêt à opérer.

Mais trêve ! trêve ! arrêtez, docteur Slop ! N’allez pas plus loin ! Suspendez l’impatience de votre main avide ! — Remettez la, sans façon, sous votre veste pour la tenir chaudement. Vous ignorez les obstacles, vous ne savez point les causes secrètes qui retardent l’opération que vous êtes empressé de lui faire faire. Vous a-t-on, docteur Slop, vous a-t-on dit une clause sacrée du traité solennel qui vous amène ici ? Savez-vous qu’on vous préfère, en ce moment, une des filles de Lucine ? Cela n’est que trop vrai ; et d’ailleurs, que pouvez-vous faire ? Voyez, regardez, tâtez, fouillez-vous. Vous avez oublié tous vos outils. Votre tire-tête, votre forceps de nouvelle invention, votre petite seringue,