Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tôt de table et va ouvrir la fenêtre. Va, va-t-en, pauvre diable, dit-il, je ne te ferai point de mal ; va, le monde est assez grand pour te contenir, toi et moi. —

Je n’avois que dix ans quand cette aventure arriva. — Soit que l’action de mon oncle Tobie fût à l’unisson de la sensibilité de mes nerfs, dans cet âge de compassion, et qu’elle fît vibrer sur moi la plus agréable sensation, soit que la manière dont cela se fit me plût, soit… enfin j’ignore par quel charme, par quelle secrète magie, si ce fut le ton de voix, si ce fut l’harmonie de mouvement, d’accord avec la pitié, qui trouva ainsi le chemin de mon cœur. — Je sais seulement que cette leçon de bienfaisance universelle que me donna mon oncle Tobie, ne s’est jamais effacée de mon esprit. — À Dieu ne plaise, pourtant, que je veuille affoiblir l’effet qu’a eu sur moi l’étude des belles-lettres, soit à l’université, soit dans les autres endroits où j’ai puisé les principes de mon éducation ! J’en sens tout le prix ; mais avec tout cela, il me semble que c’est à cette impression accidentelle que je dois presque toute ma sensibilité.

Vous, parens ! vous, gouverneurs, instituteurs, précepteurs de la jeunesse, servez-