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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/297

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Il est certain, répliqua mon oncle Tobie avec un air de satisfaction, que Stévinus étoit un grand homme, et que sa machine faisoit l’effet que je viens d’en dire. Peyreskius, qui n’est pas suspect, en dit même bien plus, lorsqu’il parle de son mouvement : Tam citus erat, quàm erat ventus ; ce sont ses termes, et si je n’ai pas oublié mon latin, cela veut dire qu’il étoit aussi léger que le vent… Pour moi. —

Pardon, mon cher frère, dit mon père à mon oncle Tobie, si je vous interromps. — Mais dites-nous, docteur Slop, vous qui l’avez vue, sur quels principes on a fait mouvoir si rapidement cette singulière voiture ? Oh ! sur des principes… des principes… en vérité ce sont de… jolis principes… et je me suis souvent étonné, continua-t-il, en éludant la question, que quelques-uns de nos seigneurs qui habitent des pays plats, tels que le nôtre, et qui ont de jeunes femmes, n’aient pas fait faire quelque voiture semblable. — Elle est expéditive, et dans les cas pressés où se trouvent les jeunes femmes de temps en temps, on seroit sur-le-champ à leur secours, pourvu qu’il y eût du vent. D’ailleurs, il y auroit de l’économie à se servir du vent qui ne coûte rien, qui ne mange rien,