Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/298

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au lieu que les chevaux coûtent et mangent beaucoup. —

Eh bien ! dit mon père, c’est précisément parce que le vent ne coûte rien, qu’il seroit dangereux de s’en servir, et que le projet est mauvais. — C’est dans la consommation des productions de notre sol et de nos manufactures que l’on trouve le moyen de faire subsister ceux qui ont faim. — C’est cela qui donne de l’aliment au commerce, qui fait circuler l’argent, qui nous apporte de nouvelles richesses, qui soutient le prix de nos terres. — J’avoue pourtant que si j’étois prince, je récompenserais magnifiquement les inventeurs de machines aussi industrieuses. — Il faut encourager le génie : mais j’en supprimerais absolument l’usage.

Mon père étoit là dans son élément. — Il alloit continuer sa dissertation sur le commerce, ainsi qu’avoit fait mon oncle Tobie sur les fortifications. — Mais à la perte sans doute de beaucoup de connoissances très-importantes qu’il aurait développées, il étoit écrit dans les livres du destin que mon père ne pourrait continuer aucune dissertation ce jour-là. — Car comme il ouvrait la bouche pour dire une autre phrase.....