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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/318

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compassion, son cœur serré est fermé à tout sentiment de bienfaisance ; c’est un misérable qui n’a jamais senti d’amitié particulière, qui n’a jamais conçu qu’on pût s’intéresser au bonheur public. Il passe dans une apathie insensible auprès de la veuve et de l’orphelin qui cherchent des secours, et voit, sans pousser un soupir, toutes les misères qui sont attachées à la vie humaine. »

Je détestois l’autre, dit Trim ; mais celui-ci est mon exécration.

« La conscience va sans doute s’élever ; elle va foudroyer ce cœur de fer… Grâces à Dieu, s’écrie-t-il, ma conscience ne me fait aucun reproche ; je paie exactement ce que je dois ; personne ne peut me demander un sou ; — je ne viole point la foi de mes promesses ; je n’en fais aucune que je ne remplisse ; — je ne me livre point au libertinage ; la femme de mon voisin est en sûreté ; elle est à l’abri de mes séductions. — Le ciel me préserve de ces crimes si fréquens parmi les hommes, de l’adultère, de l’inceste. Je ne suis pas comme ce libertin qui est devant moi, et à qui rien ne coûte. —

» Considérez cet autre ; il est fin, subtil, rusé, insinuant… Observez toute sa vie.