Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce n’est qu’un tissu délié d’artifices obscurs, d’astuces presque imperceptibles, de faux-fuyans captieux et injustes, pour se jouer indignement de ce que les lois ont de plus sacré. — Il trahit la bonne foi ; nos propriétés sont troublées, et souvent envahies par sa coupable adresse. Vous le voyez occupé à former des projets, qu’il ne fonde que sur l’ignorance des autres, sur les embarras où ils se trouvent, sur leur pauvreté, sur leur indigence : sa fortune s’élève sur l’inexpérience de la jeunesse, ou sur l’humeur franche et ouverte d’un ami qui a confiance en lui, et qui lui auroit donné jusqu’à sa vie. —

» La vieillesse arrive. — Un repentir tardif vient l’exciter à jeter les yeux sur ce compte abominable. — La conscience lui parle : c’est elle qu’il charge de feuilleter les lois et les statuts qu’il a transgressés. — Il observe, et il ne voit aucune loi expresse ou formelle qu’il ait ouvertement violée. Il aperçoit qu’il n’a encouru expressément aucune peine afflictive, ni confiscation de biens. — Aucun fléau n’est prêt à tomber sur sa tête ; il ne voit point de cachots ouverts pour le recevoir. — Qu’a-t-il donc fait qui puisse effrayer sa conscience ?…