Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/322

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les unes que les autres, et qu’il n’y ait point de choix. — Mais il trouvera que celles dont il s’est rendu coupable par habitude, par inclination, sont ordinairement parées de toutes les fausses beautés dont un pinceau flatteur peut les orner. Il croira voir les fleurs les plus agréables. — Mais les autres lui paroîtront dans toute leur nudité. — Il les verra difformes, horribles ; elles ne se peindront à ses yeux qu’avec toutes les couleurs de la honte, de l’extravagance, du déshonneur, de l’humiliation et de l’infamie.

» Rappellez-vous ce trait de l’histoire de David, lorsqu’il surprit Saül endormi dans une caverne, et qu’il lui coupa un pan de sa robe ; combien de reproches sensibles son cœur ne se fit-il pas d’avoir commis cette action ? Mais voyez-le ensuite dans l’aventure d’Urie. Voyez comme il sacrifie, sans pitié, un brave et fidelle serviteur à sa passion déréglée. Sa conscience au moins va le poignarder. — Non. Son cœur calme ne se fait aucun reproche. Une année entière se passe sans que son crime trouble sa sécurité. Il faut que le prophète Nathan vienne lui en peindre toutes les horreurs. —