Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/395

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de ces pensées fixes et déterminées qui viennent quelquefois tout-à-coup ; la sienne flottoit dans son esprit sans voiles, sans lest et sans gouvernail, comme une simple proposition. Il y en a ainsi des millions qui chaque jour nagent tranquillement au milieu du fluide léger de l’entendement humain. Elles y restent dans l’inaction sans avancer, sans reculer, jusqu’à ce que le vent ou le tourbillon de quelque passion les fasse enfin dériver, et les pousse de quelque côté.

Un bruit soudain qui se fit entendre au-dessus de la salle autour du lit de ma mère, rendit ce service à la pensée ou à la proposition du docteur Slop. « Par tous les diables ! s’écria-t-il, à moins que je me dépêche, ce que j’ai dit va sûrement arriver, »



CHAPITRE XXI.

Grand événement.


Mais ces nœuds !… Ne croyez pas, je vous prie, que j’aie entendu vous parler, dans tout ce que je vous ai dit, de cette espèce de nœuds que l’on connoît sous le nom de nœuds coulans. Ce que j’ai à dire des nœuds coulans dans le cours de ma vie, et de mes opinions, viendra beaucoup plus à propos