Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/396

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lorsque je parlerai de la catastrophe qui arriva à mon grand oncle, M. Hammon Shandy, petit homme, fier, haut, turbulent, têtu, d’une imagination vive, ardente, et qui se jeta à corps perdu dans les affaires du duc de Montmouth. — Mon opinion sur ces sortes de nœuds se développera dans mon chapitre sur les nœuds en général. Les nœuds dont j’ai voulu parler ici, n’étoient ni de cette espèce, ni d’aucune autre qui fût facile à défaire. — C’étoient des nœuds d’une espèce diabolique, et tels enfin qu’Obadiah les savoit faire, et qu’il les avoit fait ; c’est-à-dire, bona fide. Il en avoit fait un et même quelquefois deux à chaque rencontre des bouts du cordon, et les avoit entrelacés les uns dans les autres. Tous se tenoient. C’étoit plutôt un engrenage de nœuds, que des nœuds séparés.

Avec de pareils nœuds, et tant d’autres obstacles qui se rencontrent sur le chemin de la vie, un homme pressé prend tout d’un coup son parti. Il tire promptement son couteau de sa poche, et coupe tout net ce qui l’offusque. La conscience dicta un autre moyen au docteur Slop ; le cordon n’étoit pas à lui, c’eût été faire du tort à quelqu’un ; d’ailleurs, il étoit bon, c’eût été dommage de le couper. — Il appliqua donc ses dents