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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/480

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térèbre et du scorpion, qui lançoient tout à la fois des milliers de javelots. Qu’est-ce que les machines destructives de Trim, auprès du miroir ardent d’Archimède, qui embrasoit, dans un clin d’œil, des flottes entières ; auprès de ces tours armées de faulx, que des éléphans fougueux portoient dans une armée ennemie ? croyez-moi, frère, vos ponts, vos portes, vos bastions, vos demi-lunes, vos bataillons, vos escadrons ne tiendroient pas aujourd’hui une minute contre des inventions aussi formidables.

Mon pauvre oncle Tobie n’essayoit jamais de répondre à ces vives sorties de mon père. L’impatience qu’elles lui causoient ne s’échappoit jamais que par les bouffées de fumée qui sortoient de sa pipe, et dont la véhémence, en ces sortes d’occasions, redoubloit toujours.

Un soir, après souper, il s’en condensa une vapeur si épaisse, qu’elle jeta mon père, qui étoit un peu affecté de phthysie, dans un accès de toux si violent, qu’il en fut presque suffoqué. Mon oncle effrayé, et sans songer à sa douleur dans l’aine, se leva avec précipitation, et ne fit qu’un saut derrière sa chaise. Il lui soutint la tête d’une main, tandis que de l’autre il lui frappoit doucement sur