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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/482

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que la guerre s’allumeroit inévitablement entre l’Espagne et l’Empire, et il conjectura que le royaume de Naples ou de Sicile en deviendroit le théâtre ; il s’imagina même que l’on feroit le siège de Messine dès la première campagne. Une probabilité, quand il s’agissoit de guerre, valoit une certitude pour mon oncle Tobie. Tout cela bien mûrement pesé, lui fit croire qu’un pont à l’italienne seroit infiniment plus convenable. Mais mon père, qui étoit beaucoup meilleur politique que mon oncle Tobie, le mena aussi loin dans le cabinet, que mon oncle Tobie l’avoit mené dans les plaines. Il lui persuada que le roi d’Espagne et l’empereur ne se feroient point la guerre, sans que la France, l’Angleterre et la Hollande n’y prissent part en vertu de quelques traités précédens, ou de ceux que l’on pourroit faire. Et si cela est ainsi, frère Tobie, lui disoit-il, soyez sûr de ceci ; c’est que les combattans tomberont encore pêle-mêle sur ce vieux théâtre ensanglanté de la Flandre. Qu’y ferez-vous alors avec votre pont italien ?

L’objection étoit pressante… Mon oncle Tobie en sentit toute la force. Il abdiqua le pont italien pour suivre l’ancien modèle.

Mais quand le caporal Trim l’eut à moitié