Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guindé celui qui en étoit l’heureux possesseur dans les plus belles places du gouvernement. Un joli nez ! quel appanage ! mon père se vantoit souvent que les Shandy, qui étoient dans un haut degré d’élévation sous le règne de Henri VIII, n’étoient parvenus que par-là à ces dignités, et qu’ils n’avoient jamais employé de brigues pour les obtenir. — La fortune fit faire à sa roue un tour funeste qui accabla leur postérité par l’existence de mon bisaïeul. On ne peut jamais se rédimer de l’accident dont il fut la victime… Son nez applati !…

Belle, douce et charmante lectrice, où ton imagination va-t-elle te porter ? Je l’ai déjà dit : si tu me dois de la confiance, je n’entends pas autre chose par le nez de mon grand-papa, que cet organe extérieur de l’odorat, que cette partie de l’homme qui fait saillie sur son visage, et dont les peintres disent, en combinant ses belles proportions avec celles d’une jolie figure, qu’il doit être de la troisième partie du visage, à le prendre du bas jusqu’au point le plus élevé du front… Ressouvenez-vous, je vous prie, une seconde fois pour toutes, de ce que je viens de répéter. Ce seroit à la fin abuser de ma complaisance,