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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/509

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application infatigable l’ouvrage dont il se plaignoit, et qu’il croyoit ne pas entendre. Il se roidit contre les difficultés. Chaque mot, chaque syllabe étoit un objet d’étude pour tâcher d’en pénétrer le vrai sens, ou d’en faire une exacte interprétation. Hélas ! cette obstination ne lui servit à rien. Les expressions se refusoient aux idées, et les idées ne s’accordoient point aux expressions. Cependant, disoit-il, l’auteur a certainement eu de l’intention. Les termes dont il s’est servi couvrent quelque chose qu’il a voulu cacher. Mais pourquoi, dit mon oncle, lui prêter des desseins différens de ce qu’il exprime ? Les hommes célèbres, frère Tobie, répliquoit mon père, ne s’amusent pas à faire des dialogues sur la longueur du nez et sur tout autre sujet, sans quelque motif particulier. Celui-ci n’est sûrement qu’une allégorie, et j’en découvrirai le sens mystique, ou je ne pourrai. Voyons, lisons. Mon père lut. Fort bien ! voilà de très-bons détails ; mais à quoi bon ceci ? qu’est-ce qui ne connoît pas les propriétés nautoniques du nez ? Érasme pouvoit bien nous en épargner le détail. Oh ! oh ! il prétend qu’on peut en guise de souflet, l’appliquer ad excitandum focum. Je ne lui soupçonnois pas cette utilité domestique. Il a raison,