Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/510

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j’en juge par la sensation que j’éprouve sur ma main. Mais quel plaisir, frère ! m’y voici, à cela près d’un mot, je conçois tout ce qu’Érasme a voulu rendre mystérieux. Eh bien ! dit mon oncle, réjouissez-vous de la découverte ; elle n’est pas faite, dit mon père, puisqu’il y manque quelque chose ; mais on peut aider à la lettre. Je n’aime pas ces torquets, reprit mon oncle. Ni moi, dit mon père, en mordant ses lèvres et en mettant ses lunettes. Au diable soit le dialogue ! et il le déchira du livre avec une sorte de colère.



CHAPITRE LXII.

Il se console avec Slawkembergius.


Slawkembergius fut sa ressource, et quel homme ! il avoit analysé toutes mes disgraces. Il avoit mélancoliquement prédit tous les revers qui, à chaque époque de ma vie, devoient assaillir mon existence ; il en avoit développé les causes. Il les avoit attribuées à la maladresse du docteur Slop, à la forme applatie, que le tranchant fatal de son forceps avoit donnée au malheureux nez que je porte, et que je porterai jusqu’à la fin de mes jours. Mon père n’avoit fait qu’une attention mé-