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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/511

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diocre à toutes ces circonstances ; mais l’événement les lui avoit si vivement retracées, que Slawkembergius devint pour lui l’écrivain le plus imposant qu’il eût jamais lu. Par quelle secrete impulsion avoit-il prévu toutes ces choses ? d’où lui venoient-elles ? comment ses oreilles en avoient-elles été frappées ? qu’est ce qui avoit pu l’assurer qu’elles arriveroient ? il y avoit alors quatre-vingt dix ans qu’une tombe couvroit les cendres de Slawkembergius, et mon père ne pouvoit faire que des conjectures sur la manière dont ces événemens futurs avoient pu se glisser dans le sensorium de cet homme divin.

Son caractère se décéloit par ses ouvrages. Gai, jovial, on voit qu’il jouoit sur les mots. Il donne lui-même une idée des motifs qui l’avoient déterminé à écrire, et à passer plusieurs années de sa vie sur le sujet dont il parle. C’est ce qu’on voit à la fin de son prolégomène, que le relieur, par parenthèse, a mal-adroitement placé entre la table de son livre et le livre lui-même, au lieu de le mettre au commencement ; mais il se fait tant de choses à rebours dans ce monde, que cette ineptie ne doit pas être tirée à conséquence. Slawkembergius informe donc ses curieux lecteurs, que depuis qu’il étoit arrivé