Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/512

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à l’âge de discernement, et qu’il pouvoit s’asseoir tranquillement pour considérer en lui-même ce qu’étoit le véritable état de l’homme, et distinguer la principale fin de son être… ou pour accourcir ma traduction ; car le livre de Slawkembergius est comme de raison écrit en latin, avec la prolixité des auteurs modernes qui écrivent en cette langue ; Slawkembergius assure que depuis le temps qu’il fit usage de toute sa sagacité pour approfondir cette matière, il n’y conçut rien, ou plutôt qu’il ne savoit ce que c’étoit. Il ajoute que le seul fruit de tant d’application, fut de remarquer que ceux qui avoient entrepris jusques-là d’écrire sur le point capital dont Érasme avoit fait depuis le sujet principal d’un de ses dialogues, s’en étoient acquittés si mollement, qu’à peine ils méritoient d’être lus. Je me sentis, alors dit-il, si vivement aiguillonné, que je ne pus résister à cette impulsion. J’entrepris de m’égayer sur cette matière.

Et il faut l’avouer, Slawkembergius n’entra dans la lice qu’avec une plus forte lance, et que pour parcourir une plus vaste carrière que tous ceux qui l’avoient précédé. Si jamais on élève quelque monument pour placer les statues des grands hommes, la sienne en