Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/514

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foule de difficultés qui se sont présentées ? n’est-il pas survenu depuis mille chagrins domestiques qu’il faut que je dissipe ? une vache inconsidérée a porté le désordre dans les fortifications de mon oncle Tobie. Elle a mangé deux rations et demie d’herbe, et arraché le gazon qui tapissoit ses glacis, ses ouvrages à cornes et son chemin couvert. Trim veut qu’elle passe au conseil de guerre, et qu’elle soit fusillée. Il faut pour le moins crucifier le docteur Slop. Je serai moi-même Tristramisé ; je deviendrai le martyr de mon baptême. Pauvre diable que nous sommes ! ne va-t-on pas aussi m’emmailloter ? mais je n’ai point de temps à perdre ici en exclamations. J’ai laissé mon père étendu tout à travers de son lit. J’ai laissé mon oncle Tobie assis à côté de lui dans une vieille chaise de tapisserie frangée. J’ai promis de revenir à eux dans une demi-heure, et voilà plus de cinquante minutes qu’ils sont là dans la même attitude. Heureusement qu’ils ont besoin de repos ! je puis encore les y laisser l’un et l’autre. Je puis même, madame, vous procurer pendant ce temps la lecture d’un des ouvrages les plus agréables de Slawkembergius. Mon père l’avoit traduit. C’est un conte : je ne suis pas un des dévots de Slawkem-