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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/52

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d’autres), me permettra de tirer le rideau et de finir mon chapitre.


MOI.


Puisque je suis en train de peindre, il faut que je vous décrive ici le caractère d’Yorick, de Tristram ou de Sterne, cela vous amusera peut-être, ou je m’en amuserai ; c’est à-peu-près la même chose, ainsi donc je m’approprie tout ce chapitre


Hîc vir hic est tibi quem promitti saepius audis.


Je suis né, voilà la seule chose dont je n’aie pas à douter ; et je dois encore cet avantage au hasard qui préside à toutes mes aventures.

Mon père, qui n’étoit qu’un brave soldat, ne me donna aucune éducation ; il la méprisoit. Qu’il avoit de courage ! j’appris à lire et à écrire par hasard. Je fus à l’école, en faisant quelquefois la buissonnière, et je glanai quelques bribes de littérature par hasard. Le Fevre se trouva lieutenant de mon père par hasard. Je n’avois jamais eu l’intention de me marier, et je me mariai par hasard. Je n’ai jamais eu d’autre patron que