Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/544

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rime qui devoit suivre… C’est le diable que la rime… Et quand elle fait perdre une chose aussi intéressante que devoit l’être ce chef-d’œuvre du seigneur Diego, on est tenté de souhaiter que l’on renouvelle la fameuse loi, qui, sous le règne de Henri IV, défendit à tous auteurs de rimailler.

Ce superbe morceau de poésie lyrique, qui eût mérité d’être gravé en lettres d’or, et de faire le pendant à l’ode sur la navigation, cette ode si fameuse que les commissaires de l’amirauté payèrent si cher l’an passé à notre poëte lauréat, resta malheureusement au bout du charbon qui en avoit tracé la première strophe.

Quoi qu’il en soit, le seigneur Dom Diégo fut arrêté tout court dans son élan poétique… Il essaya quelques autres tournures ; mais soit qu’il fût lent à faire des vers, ou que le garçon d’écurie fût prompt à seller les chevaux, toujours est-il vrai qu’il n’avoit encore rien trouvé lorsqu’on vint l’avertir que sa mule et le cheval de Fernandès étoient à la porte. Il abandonna son chef-d’œuvre, et les voilà partis….

Ils passèrent le Rhin, traversèrent l’Alsace et arrivèrent à Lyon. Les médecins avoient épargné Julie : soutenue par l’amour et par son cher Diégo, elle franchit avec lui les