Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/545

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Pyrénées. Ils dormoient déjà depuis deux nuits sur le même oreiller à Valladolid, lorsque les Strasbourgeois, l’abbesse de Quedleimbergh et ses quatre grandes dignitaires attendoient l’inconnu sur le chemin de Francfort.

Je suppose que mes lecteurs savent un peu de tout ; il n’est donc pas fort nécessaire que je leur apprenne que tandis que Diégo étoit en Espagne caressant sa belle, il étoit très-difficile de le rencontrer sur la route de Francfort à Strasbourg trottant sur sa mule. Mais ce que je ne puis me dispenser de dire, c’est que de tous les désirs qu’irrite l’impatience, il n’en est point qui tourmente plus que la curiosité.

Les pauvres Strasbourgeois en firent la cruelle épreuve. Ils avoient à-peu-près calculé le temps où l’étranger devoit paroître.

Ils l’attendirent jusqu’à la nuit, il ne vint point. Ils imaginoient que quelque chose d’extraordinaire l’avoit retenu.

L’espoir les berça ainsi pendant un jour, deux jours, trois jours ; une nuit, deux nuits, trois nuits, et ce ne fut enfin que le quatrième jour au soir qu’ils prirent le parti de rentrer dans la ville.

Mais, hélas ! le destin leur avoit réservé un accident bien plus étrange. Cette révo-